Une sculptrice, une dessinatrice, une photographe, pour un envol lumineux et élégant vers 2022.
Exposition du 8 au 29 janvier 2022. Vernissage le samedi 8 janvier de 15h à 19h.
Au début (de la conception de cette exposition) était l’Ange de Daphné Jardon. Son humilité un peu cabossée, sa beauté discrète et un peu gênée d’elle-même. Un Ange qui s’éclaire de l’intérieur quand vient la nuit. Un ange né d’une expérience positive avec un pangolin.
Durant le premier confinement, Daphné Jardon se trouva enfermée avec comme seul matériau des cagettes de légumes, et du grillage à poules. Daphné a des poules et un potager.
Daphné considéra la cagette et eut l’illumination de se souvenir que c’était du bouleau, ou parfois, du peuplier. Bref, que c’était beau, le bois de cagette. Elle voulait rendre hommage au pangolin, pauvre victime collatérale d’un covid alors dans l’enfance. Elle fabriqua donc des écailles, car le pangolin en possède. Beaucoup. Elle sculpta sa forme et, donc, l’écailla ou le … récailla (?): non pas en les enlevant, ces écailles de bois, mais en les incrustant au contraire solidement.
Fidèle à sa propension à éclairer ses sculptures, elle fit rayonner cette forme de l’intérieur et cette bête étrange irradia la sérénité. De cette expérience naquirent différentes visions plus ou moins faciles à décoder. Des étreintes. Des tendresses. Des mains protectrices et des anges, et d’autres animaux, des mers notamment. Qui toutes sont chaleureuses comme des foyers, et en retrait comme l’amour patient et attentif d’un ange gardien.
Stéphanie Thomasson, de son côté, observait les choses de sa fenêtre, et, singulièrement, un goëland ; arrivé par les rives de Seine, il s’éleva jusqu’au 27ème étage de la Tour du 13ème où elle vit. Lumière du ciel et ailes pour de vrai. Lorsqu’une sortie fut possible, ce fut pour porter un dernier regard, dire un dernier adieu. A la maison de l’enfance, aux traces encore vivaces d’une grand-mère chérie. Partie, envolée. Deux séries, « Jonathan » et « MAdeleine » naîtront de ces deux expériences enserrées avec grâce dans le moment inédit du grand enfermement/chambardement du covid.
Delphine Courtois faisait voler son trait, s’envoler les couleurs de ses scénettes intemporelles, peuplées d’oiseaux de nuit élégants et un peu trash, traînant leur ennui étonné en faisant l’ange ou la bête. Dans ses dessins, les êtres humains refusent de se fixer dans une époque, ils sont nostalgiques de naissance, fracassés par nature, pleins d’un secret espoir irrépressible, beau et vaguement ridicule. Ils essaient quand même, de vivre et d’éprouver ; et leur candeur déroute les sarcastiques.
Alors, pour ce début d’année, où l’on nous menace de nouveau de réduire nos libertés et de rogner nos ailes, où le fracas des « débats » masque les sentiments profonds, un peu de beauté simple, de rencontres délicates, de lumière intérieure et d’œuvres en équilibre entre le recul et l’audace, me paraissait de bon aloi, et, je l’espère, de bon augure.
BONNE ANNEE A TOUS.
Daphné Jardon est née à Paris en 1969, et vit et travaille en vallée de Chevreuse. Elle est diplômée de l’Ecole parisienne de la Haute Couture. Partie seconder son frère dans sa fonderie d’art, elle polit les bronzes des autres avant de se lancer elle-même. Si ses pièces sont souvent éclairées, c’est qu’elle aimait les beaux luminaires mais n’avait pas de moyens, donc, elle les fabriqua elle-même.




Stéphanie Thomasson est directrice artistique. Née en 1971 à Annecy, elle vit et travaille à Paris. Son regard élégant et distancé sur le monde l’a amenée à faire de la photo. « Sur nos ailes » est sa première exposition. Des années que ses amis lui enjoignaient de se lancer, pourtant. Elle est diplômée d’Académie Charpentier à Paris. Ses tirages en impression pigmentaire sur papier d’art en bambou ont été réalisés par Fred Jourda.






https://www.instagram.com/st.thomasson/
Delphine Courtois croque de son trait enlevé, dansant et ferme, deux types de scénettes : des dessins de presse, goguenards et gentiment caricaturaux, et des dessins-peintures, vernis comme des toiles, aux coloris profonds et denses, intensément nostalgiques. Tous semblent venir d’une Belle Epoque qui aurait fleureté avec l’entre-deux guerres, un peu. Entrée aux Beaux Arts de Paris, elle constate assez vite qu’elle n’y trouve pas sa place de “manuelle”. Ce qu’elle préfère, dans le fond, ce sont les cafés, les gens, dessiner “tout simplement”.






https://www.instagram.com/courtoisdelphine/
De temps en temps
Les nuages donnent un répit
Aux contempteurs de lune.
Philippe jaccottet
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.