Daphné Jardon, ou la lumineuse imperfection des créatures

Les créatures de la sculptrice rythmeront la rétrospective de Marine Karbowski, en janvier 2021. Echappées d’un monde faussement réel, elles incarnent la force vitale des ignorés et des rejetés. Une invasion salutaire.

Coléoptère, bandes plâtrées sur fil métallique, 20x44x50 cm , 2018
  • Lieu : Galerie Mondapart, 80 rue du Château, Boulogne (92), métro L10 J.Jaurès
  • Dates : du 13 janvier au 13 février 2021
  • Du mercredi au samedi de 13h à 18h ou sur RV

Bandes plâtrées, cagettes, grillage et fil de fer ou bronze et plissés de soie. Les médiums sont soit pauvres, soit sur-cyclés, soit précieux. Mais la thématique reste la même. Une sorte d’attrait pour le fragile, son côté merveilleux et grotesque dans le même temps. Les marginaux, les rejetés, les inadaptés, les faussement laids, les oubliés. Un Saint SDF. Un homme qui ne peut s’extraire de son arbre. Des chimères de toutes sortes, trans-espèces. Des dragons vaguement idiots. Des bestioles inclassables, ou reconnaissables, mais déclassées. Qui grimacent. S’enfuient, sont gênées, apparemment, d’être là. Mais dont l’élégance reste entière.

Daphné Jardon aime en souligner l’étrange beauté, la lumière intérieure, en les éclairant, d’une façon ou d’une autre. Elle se place de leur côté, résolument, sculptrice de l’invisible tellement présent autour de nous, que nous le créons tout simplement parce que nous ne voulons pas le voir. Parce que l’invisible, pour elle, n’est pas une présence éthérée, mais bien quelque chose ou quelqu’un ou une créature bien réelle, là, sous nos yeux qui regardent ailleurs.

Elle, elle voit. Alors elle témoigne, parce qu’elle aime ces étrangetés, le reste la fatigue, elle ne veut pas comprendre, elle ne veut pas participer. Daphné Jardon est une artiste dégagée, pas engagée. Comme hier certains étaient consternés plus que concernés. Elle se méfie des mots. Elle sculpte, voilà. Entre deux promenades avec sa brebis domestique. Elle aussi, sans Daphné Jardon, vous ne l’auriez pas remarquée. Et c’est pourtant une rencontre exceptionnelle.

Il faut juste oser la confrontation.

Publié par Galerie Cécile Dufay

Un lieu intimiste, à deux pas de la Tour Eiffel et du Grand Palais Ephémère. Ouvert en avril 2021 pour mettre en valeur le talent des peintres contemporains, français et internationaux, principalement confirmés. Une respiration dans la ville, pour recréer un lien humain, serein et proche, avec la peinture.

Un avis sur « Daphné Jardon, ou la lumineuse imperfection des créatures »

%d blogueurs aiment cette page :