Destins croisés


Du jeudi 12 octobre au lundi 6 novembre 2023,

Vernissage le jeudi 12 octobre de 18h à 21h,

Avec Hélène Legrand, Hélène Planquelle et Makoto Muranaka.

Animaux disparus, domestiques, sauvages, et Humains : notre destin, nous le savons aujourd’hui, s’entrecroise au point de devenir une dangereuse valse de mort. 

L’Homme, à qui la création avait été confiée, a dégradé son environnement. Il devient cette bête traquée et inquiète dont il n’avait pas eu pitié. 

Cette nouvelle spécificité d’espèce en sursis, que d’aucuns, transhumanistes, considèrent comme dépassée à l’instar des dinosaures, et qui se fait traiter d’humanité 1.0 par certains savants fous, a besoin de retrouver le lien perdu avec le vivant. Certes. Mais comment ?

L’une des pistes est intérieure : la motivation naît rarement de la peur seule. Encore moins de la raison. Reste à retrouver le sens de l’admiration pour le Vivant, non pas comme “mécanique extraordinaire” mais comme intimité en lien profond, en communion avec l’ensemble des créatures. Pour sentir, ressentir ce lien, il faut apprendre à voir, de nouveau, à admirer surtout. Descartes, ta prétendue objectivité nous a perdus. Nous sommes mortels, fragiles, vulnérables, condamnés, uniques, à peau, poils ou écailles. Cette condition fait de nous des êtres devant lesquels chacun devrait s’extasier, à tout moment, dans toutes les situations, parce que demain, nous serons loin. Trop loin. 

Du Dodo à l’Homme, cette exposition propose une plongée dans notre incomparable beauté vivante.

Et ceci, avec une vraie maîtrise du trait, de la couleur, de la composition et de l’étrangeté, comme un exercice de questionnement et d’hommage aux mystères de la si délicate et indispensable perception.

Hélène Legrand, peintre officiel de la Marine, honneur insigne accordé depuis sa création à une poignée de femmes seulement sur la vingtaine d’artistes concernés, s’émerveille depuis toujours sur les créatures, les éléments. Dessinatrice hors pair, elle réalise ses oeuvres d’abord sur papier de soie avant de le maroufler sans ménagements sur sa toile, introduisant par ce geste des pliures, déchirures, irrégularités discrètes qui donnent un relief supplémentaire à ses compositions. Ensuite, elle travaille comme les Maîtres anciens, a tempera. Ses scènes sont si parfaites qu’elles redonnent vie même aux espèces disparues. Les animaux nous adressent une supplication muette, les hommes se perdent dans une lumière incandescente. Ces toiles sont des prières, et parfois, très directes : l’un de ses grands Christs trône dans la cathédrale de Tolède, face au Greco.
Peintre fille de peintre, elle met la transmission au cœur de sa démarche, y compris technique : abasourdie par les ruptures du XX° siècle, elle n’a eu de cesse d’enseigner.

Les Peintres Officiels de la Marine | Hélène Legrand (peintreofficieldelamarine.fr)
Hélène Legrand : Galerie Corps : le corps du Christ (helenelegrand.eu)

Hélène Planquelle travaille aussi bien en petit format qu’en (très) grand. Récemment, elle s’est attaquée à la fresque murale, en extérieur en Espagne, en intérieur à Paris. Peintre et dessinatrice elle aussi d’une magnifique précision, elle s’appuie sur les outils d’aujourd’hui : photo, ordinateurs, intelligence artificielle pour ses recherches. Les scènes de corps entrelacés sont d’abord jouées dans la réalité. Son sujet est celui de l’ambiguïté des frontières et des ressentis, ce point de bascule où l’affection peut basculer dans la perversion, ou l’inverse. Ce mélange permanent et éperdu de ce que les siècles passés appelaient le Bien et le Mal, entre lesquels ils tentaient de construire une frontière, au sein duquel nous essayons aujourd’hui la fluidité, comme pour l’apprivoiser.
Hélène Planquelle développe une technique très personnelle de succession de couches de peinture à l’huile, sur résine, qui provoque in fine une illusion d’optique de transparences et de reliefs. Ses oeuvres sont à la fois en 2D et en 3D. Elles tissent un lien évident avec le maniérisme, dont la tortueuse extase explorait déjà les contours flous des frontières physiques et morales.

Hélène Planquelle | Artiste figuratif contemporain | France (heleneplanquelle.com)

Makoto Muranaka est désormais un classique de la Galerie. Présenté en duo show avec Véronique Lafont, puis par deux fois sur le salon DDessin, il a déjà au Village un cercle de fans convaincus. Son travail graphique est un melting pot de dessin contemporain, classique, graphique, qui ne déparerait pas dans le New Yorker. La galerie Goto à Tokyo prépare son deuxième solo show en décembre. Il a exposé à Paris, Washington et Tokyo. Ses dessins, toujours de format A4, conçus comme un exercice continu et quotidien de récit en images des sensations fortes de ses journées, explorent librement de vastes étendues qui dépassent les questions philosophiques ou morales, pour s’attacher au vécu, à la vibration rétinienne et sensible des images dans la mémoire quotidienne, sans filtre et sans jugement. Mais avec un attachement au quotidien, rien que le quotidien. Dans lequel quelques personnages de son entourage reviennent régulièrement, dont sa famille, y compris le chien. Pour les chats, c’est différent : il ne les aimait pas, mais ne pouvait pas y échapper à Paris, donc, il a résolu de les apprivoiser par le trait. Pour cette exposition, nous avons choisi de présenter des duos animaux – humains, liés par leur univers graphique.

Makoto Muranaka (@makoto913_) • Photos et vidéos Instagram

村中誠 /Makoto Muranaka | ギャラリーゴトウgallery-goto


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