Vernissage le vendredi 16 juin 18h-21h
Exposition du 17 juin au 8 juillet 2023


D’un côté, des scènes de presque rien. Un parking, un pavillon, une zone commerciale désertée, quelques enfants dans une piscine improvisée, un bouquet légèrement défraîchi.
Des gens de peu, des gens de rien, pour ceux qui font les règles du goût, de la bienséance, du Beau, du Bon, du Bien. L’univers de la majorité pourtant, fait de zones moches, reproductibles, modestes, d’un peu de verdure qui se demande ce qu’elle fait là, et de beaucoup de voitures. Des véhicules, expression d’un besoin irrépressible d’évasion, d’espace et de vitesse, le contraire de la vie lente qui fait du sur-place au milieu des tours.
Ivana Minafra, fille de Gênes, ville industrielle et portuaire, au passé flamboyant ; au présent moins amène. Ivana Minafra, qui ne cherche aucunement à masquer ses origines populaires, et transcende les limites de ses souvenirs d’enfants par une capacité extraordinaire à poétiser le monde, à faire vibrer les paysages, à repeindre en couleurs une vie simple, une vie belle malgré tout, qu’on devine pleine d’amour, d’amours, de joie profonde malgré les violents coups du sort. Une vie, respectée et vraiment vécue contrairement à ce que la bourgeoisie pense, elle qui croit que l’agitation, les voyages, les décors parfaits constituent le sel de l’existence. L’âpreté et la chaleur, les secousses et la tendresse, Ivana Minafra les transcrit dans un quotidien comme aperçu de l’arrière d’une voiture, la place des enfants d’autrefois, quand ils admiraient le monde sans juger, plutôt que de distribuer des like à de fausses scènes de vie. Ivana Minafra peint, avec force, sans se contraindre, ni dans le mélange des images et des souvenirs vécus, ni dans la profusion des couleurs. Pas de lignes, des coups de pinceaux sûrs, qui noient la limite entre peindre et dessiner. Pas de détails inutiles. Mouvements, masses, sensations.
De ce peu qui fait nos vies, elle fait une immense fresque, une ode à tous les anonymes qui pensent ne pas vivre tout à fait, alors qu’ils éprouvent tellement plus que les happy few, noyés dans la mare rétrécie de leurs certitudes, de leur prétention et de leurs dégoûts.
https://www.instagram.com/ivanaminafrart/
De l’autre côté l’ode au couple du couple d’artistes PLMC. Un couple dans la vie, qui décide un jour de travailler à 4 mains et 4 yeux sur le couple. Le leur probablement, mais pas que. Leurs céramiques sont monumentales, dans leur petitesse relative et leur dépouillement : blancheur, ou grisailles, une trentaine de centimètres tout au plus. Mais cette fusion des corps et des volontés créée par l’érotisme, la patience, la décision. Cette énormité de l’alliance entre deux personnes qui symbolisent l’humanité et la génèrent. Ce côté cénotaphe ; cet aspect de monument-souvenir, alors même que la vie les étreint toujours et que leurs étreintes sont autant de luttes pour survivre, se survivre. Eros et Thanatos bien sûr, toujours. Mais ce serait trop banal. Car ces corps ne sont pas sublimés. On devine l’âge qui vient, les angles trop aigus et les chairs parfois molles ; on devine les étreintes esquissées, ratées, bâclées ; on devine la familiarité mais l’usure du temps. Et cela reste beau, même si on a un peu envie de tourner la tête, ou d’écraser une nostalgie qui point.
Là encore, c’est un travail « vrai », un travail non pas sans fard mais sans apprêt, frontal, direct, sublimé par la matière et la référence aux tombeaux antiques. Peut-être, aussi, un adieu émouvant à l’Amour, celui de l’Amour Toujours qui semble si loin, parti dans l’espace-temps d’un passé qu’on a du mal à saisir – encore, un peu.
https://www.instagram.com/plmcdarnaudgoradesky/
“J’exorcise l’ordinaire. Je libère la Beauté prisonnière de l’ennui. Je m’envole”.
Ivana Minafra in Aralya, 2022
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