Benoît Manent – Annick Mischler

ou le jardin des discrets, du 25 juin au 23 juillet 2022. Vernissage le samedi 25 juin de 15h à 20h

Ils ont tous les deux le même charme. Celui des discrets, de ceux qui regardent le monde du côté lumineux, qui développent leur univers calmement mais fermement, avec constance et profondeur. Et qui, pour autant, respectent et admirent celui des autres.

Je défends le travail d’Annick Mischler, son inventivité et ses explorations par séries successives, aux techniques variables, mais à la « patte » si singulière et reconnaissable, depuis près de 20 ans. Certains ont certainement vu ses « Serres » et ses « Cabanes », que j’avais exposées chez ma consœur Isabelle Lefort.

Je connais Benoît Manent depuis 2 ans, mais je suis entrée immédiatement dans son monde. C’est facile : il est réellement contemporain. Je veux dire par là que les habitants de ses toiles, vous les connaissez, vous les croisez dans la rue, ils sont réellement d’aujourd’hui. Dans leur mise, leurs attitudes, leurs origines, ils sont là, présents, au présent.

Ils sont vivants ; et en ce moment dans la peinture de Benoît Manent, ils sont dans les jardins, dans les parcs publics le plus souvent, et il les étudie comme d’autres font de l’ornithologie.

L’étrange espèce que nous sommes a besoin de retourner dans les improbables morceaux de nature urbaine qui souvent sont notre seule respiration. Nous savons que ce n’est pas vrai, que le jardin d’Eden est bien éloigné, mais immédiatement on se sent plus libres dans ces impossibles jardins. Telle vieille dame semble vouloir s’envoler. Tel enfant retrouve spontanément, immédiatement, le réflexe immémorial qu’ont les petits de jeter un caillou dans l’eau. Les amoureux se donnent rendez-vous et les ados traînent leur ennui, mais avec moins de nonchalance étudiée. On ne peut pas bluffer les arbres…

Benoît Manent connait les gens de peu, les gens « normaux », les gens, quoi. Il les peint avec bienveillance, par petites touches, en respectant une juste distance avec leur intimité, qu’il met pourtant à nu. On a envie de les saluer. Et puis on est happés par la couleur du peintre, qui chatoie et s’épanouit, au fur et à mesure que le regard s’éveille, et ses personnages deviennent simple motif, prétexte à la couleur et à l’émerveillement, et parfois, l’air de rien, le personnage disparaît. La vibration des couleurs prend le pas, un peu comme on se laisse aller, au cours d’une promenade en forêt, à rêvasser sur le chemin, en apercevant seulement du coin de l’œil la lumière qui joue dans les feuilles.

voyage dans l’atelier de Benoît Manent, printemps 2022

Annick Mischler a repris ses pinceaux. Après plusieurs années de recherches sur papier, elle réinvestit l’espace de la toile, comme on se promène dans un jardin bien connu. On y fait des cueillettes, on y flâne, on y découvre des maisons, là-bas, dans la couleur, comme émerge un poème, une idée, un amour.
Dans un rose vibrant, un vert acidulé, qui laissent transparaître des formes encore peu lisibles. Les jardins intérieurs sont les plus fascinants, bien sûr, et jamais ils ne livrent tous leurs secrets, par définition. Nous n’en aurons qu’un flash, un reflet, saturé de luminosité, comme flottant au-dessus du réel. Ni tout à fait là, ni tout à fait ailleurs, comme si l’espace de la couleur et du trait créait une autre dimension. L’évasion, encore.

Avec, en contrepoint, cette lancinante question : comment, aujourd’hui, alors que nous avons perdu toute innocence, vivre de façon digne et respectueuse dans le monde ? La morale du comportement passe, nous suggère Annick Mischler, par le chemin retrouvé de l’émerveillement : une sorte de fraîcheur du regard à reconstruire.

Cabanes et Cueillettes d’Annick Mischler, détails


Benoît Manent est né à Gap en 1970, il vit et travaille en région parisienne.
En 1995 il est diplômé en arts plastiques à la Sorbonne, et obtient en 1996 son agrégation. Il devient professeur de collège. En parallèle il travaille (beaucoup), en général sur le principe de la déclinaison d’une idée, avec une logique sérielle. Il obtient le soutien régulier des institutions. Il multiplie les expositions personnelles dans les centres d’art : en 2021 au Musée départemental des Hautes Alpes, en 2018 au Conservatoire des Arts à Montigny-le-Bretonneux, en 2016 à l’American University of Paris Fine Arts Gallery, en 2008 au Centre culturel François Mitterrand à Beauvais, pour ne citer qu’eux. Il participe dès 2001 au salon de la jeune création à la Villette, puis en 2008 au Salon de Montrouge. Il a été notamment soutenu par la Galerie Elisabeth Couturier (Lyon).

www.benoitmanent.com

Annick Mischler, née en 1978 à Strasbourg, où elle vit et travaille. Formée aux Arts Décoratifs de Strasbourg, elle expose régulièrement depuis 2004. Cécile Dufay l’a présentée en tant que galeriste depuis 2008, et ensuite en tant que curatrice à la Galerie Mondapart en 2019 et 2020, sur invitation d’Isabelle Lefort. En 2020, Annick Mischler expose au Siège de la Région Grand Est; en collectif, sur les talents de l’art contemporain.  En 2022, elle présente son travail au Mans, pour la 28° édition du Puls’art, piloté par Lucien Ruimy, fondateur de la FIAA.

www.annickmischler.art

Publié par Galerie Cécile Dufay

Un lieu intimiste, à deux pas de la Tour Eiffel et du Grand Palais Ephémère. Ouvert en avril 2021 pour mettre en valeur le talent des peintres contemporains, français et internationaux, principalement confirmés. Une respiration dans la ville, pour recréer un lien humain, serein et proche, avec la peinture.

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