Hamid Fakhoury ou le rappel au Sacré

Le sculpteur, dont les colosses d’argile ou de bronze patiné ornent la galerie depuis le début de l’année, verra son travail mis en lumière au sein de l’exposition MANENT / MISCHLER, du 25 juin au 23 juillet 2022


Vernissage le 25 juin de 15h à 20h

Hamid Fakhoury est un mystère. Son profil instagram le proclame d’emblée :

« Point de glose ni de verbiages, moins de palabres, séchez vos larmes. Savourez le silence. Le ciel est à tout le monde ».

Hamid Fakhoury

Impossible d’obtenir de lui un C.V., ce serait l’enfermer, le réduire, le contraindre. Quand il cherche au contraire à brouiller les frontières, les limites, à dépasser les interdits. Musulman pratiquant, il a étudié dans la théologie la manière de pratiquer un art de la représentation humaine qui soit hallal. Il l’affirme, ses têtes sont exemptes de péché. Peut-être parce qu’il s’agit du premier homme avant la chute, de la première femme, aussi ?

Ses têtes sont brutes, en terre crue, parfois vernissées. Parfois peintes, ou coulées en bronze. A la fonderie Coubertin, l’une des meilleures aujourd’hui.

Il modèle exclusivement avec ses doigts, et malgré leur apparence colossale, ses têtes, à la limite du brutalisme, tiennent toutes dans ses (grandes) mains. Ce sont des Adam, des Eve, au-delà de la morale, tout juste tirés de la terre, dans un hommage au Dieu créateur qui nous modela d’argile. Elles inspirent la force, l’assurance et la dignité. Une forme de stabilité un peu anxieuse, comme si la densité de leur être leur était méconnue.

Leur modelé évoque Bourdelle, parenté dont l’artiste se réjouit, car il admire ce grand maître de la sculpture monumentale. Ses modèles sont le plus souvent de type Africain, plus rarement Asiatiques. Un type humain peu fréquent dans la statuaire, et souvent choisi pour son « exotisme » dans la période coloniale.

Hamid Fakhoury n’introduit aucune distance esthétisante ou narrative. Il entre en profondeur dans son sujet, l’essence de l’homme. Une créature, l’œuvre d’art de Dieu. Les traits sont esquissés, mais chacun a un caractère, une expression propre, et très appuyée. Il s’inspire de rencontres réelles, de ce qu’il sent de ce qui se dégage de nous, malgré nous. Peut-être est-il moins un sculpteur de tête qu’un sculpteur d’âmes. Après tout, il est aussi peintre abstrait, et dans ses peintures, on a l’impression de voir le ciel depuis l’espace : une planète bleue et blanche complexe et forte, mouvante et si simplement belle.

Toute son œuvre est une réflexion silencieuse sur le don de création qui nous rapproche du Créateur.

Hamid Fakhoury est né à Casablanca en 1965. Il vit et travaille à La Verrière, dans les Yvelines. Mannequin pour des marques de haute couture dans les années 80, ce que lui permettait sa haute taille, sa prestance et son élégance, il fraye parmi les gens du monde. Pierre et Gilles feront son portrait en 1985, dans la série des Naufragés. Il découvre la peinture dans les ateliers de Chari Goyeneche dans sa maison de quartier, avant de suivre des cours aux Beaux-Arts. Il travaille d’abord le dessin et l’aquarelle, avant de passer à la sculpture et la peinture. L’espace et le cosmos, la création et le créé sont sa source d’inspiration. Il a longtemps travaillé pour la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la jeunesse, mais se consacre désormais totalement à son art. 

https://www.instagram.com/hamidfakhoury/

Hamid Fakhoury, peintre, un éclairage

Publié par Galerie Cécile Dufay

Un lieu intimiste, à deux pas de la Tour Eiffel et du Grand Palais Ephémère. Ouvert en avril 2021 pour mettre en valeur le talent des peintres contemporains, français et internationaux, principalement confirmés. Une respiration dans la ville, pour recréer un lien humain, serein et proche, avec la peinture.

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