
Shuji Fukushima est peintre, japonais, vivant au Japon. Il explore l’iconographie de l’antiquité gréco-latine avec un vocabulaire coloriel très français. Mais avec un trait et un sens de l’épure très japonais. Et ce mélange étonnant nous touche comme la vérité de notre monde flottant sans Dieux.

Grand amoureux de la peinture française et de la culture occidentale, se référant notamment à Gustave Moreau et Odilon Redon, il aime les couleurs fraîches, parfois primaires, mélangées aux plus neutres, et surtout, exprimées « dans un brouillard ». Mais pas de Sfumato, plutôt un entrelac brossé, et parfois quelques superpositions – légères, délicates.
Shuji Fukushima applique une précision et une élégance toutes calligraphiques à ses lignes pures, figures esquissées de dieux, silhouettes hiératiques de déesses, perdues dans notre monde devenu ignorant des Dieux fondateurs. Ses divinités sont flottantes, coupées de nous, inemployées. Parfois, même, elles boudent. Leur langage n’a plus de sens, mais leurs attitudes sereines, posées, dans un ailleurs si lointain, signalent simplement leur divinité. Et c’est nous qui les observons. Créatures coupées du divin, nous regardons vers cet Eden de beauté et de sérénité, de sentiments absolus et éternels comme si les rôles s’étaient inversés. Nous ne sommes plus sous leur regard, les Dieux sont devant le nôtre, et notre regard est si distancié…
Amusés par nos origines, nous baignons dans un incréé sensoriel, vague, imprécis, pour tout dire étranger. Nous observons les Dieux sans y croire.
Mais l’étrangeté même de la démarche de Shuji Fukushima nous permet de nous relier avec justesse, fraîcheur et beaucoup d’actualité, à ces imaginaires enfouis, présentés sous un angle à nouveau accessible. Cette reconnaissance que j’ai éprouvée, comme si on m’avait rendu un trésor réexposé à la pleine lumière, je voulais la partager.
Ce sera chose faite du 1er juillet au 25 septembre, avec une interruption au mois d’août. Là encore, il y a des invariants culturels incontournables 😉.
Shuji Fukushima est né à Saga au Japon en 1979. Il vit et travaille à Saitama. Il est diplômé de la Ken School et de la Creators School de Meguro, à Tokyo. Il peint depuis 2005, et expose régulièrement, essentiellement à Tokyo.
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