
Le restaurant Nonna Clelia accueille le bestiaire dessiné d’une artiste qui renverse le propos de l’art animalier : ce sont les animaux qui nous observent. Du 3 juillet à fin septembre.

Tiphaine Liebaut croque les humains comme des monstres, plus ou moins inquiétants. A contrario, ses animaux semblent tous aimables, vaguement drôles, surtout interloqués.
Notre regard les trouble. Ou bien est-ce ce qu’ils voient de nous, qui les trouble ? Tiphaine Liebaut les photographie, les peint, les portraiture au stylo. Lorsqu’elle dessine ce n’est pas d’après modèle ou d’après photo, son trait est vivant et précis mais jamais réaliste. Elle dit qu’un naturaliste pointerait ses erreurs.
Nous sommes plutôt frappés par la personnalité, l’individualité de chaque animal. Nous pouvons les rencontrer, non pas d’homme à homme comme avec n’importe quel chien pour mamie, mais d’animal à animal. Notre animalité, qui résonne, nous pousse à la tendresse parce que soudain nous les comprenons. Sans les mots.
Ce dialogue muet nous est rendu dans son immédiateté. Descartes et ses « machines vivantes » sont bien loin. Et c’est un soulagement de redevenir plus sensibles. Mais ce n’est pas évident que ce plaisir soit partagé par « l’interlocuteur » animal que Tiphaine Liebaut nous donne. Dans le volume incroyable de ses dessins (peut-être parce qu’elle a « appris les bases » de son art auprès d’un sculpteur ?) il y a aussi une sorte de volonté de résister à notre analyse, à notre soif de comprendre. Une façon, peut-être, de nous pousser à plus d’humilité.
Tiphaine Liebaut, formée à l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy, présentée au diplôme par Bernard Marcadé et Orlan, est née en 1976. Elle vit et travaille en région parisienne. Elle expose depuis 2004, et a collaboré sur plusieurs projets au théâtre, dont un rideau de scène avec Jean-Claude Dreyfus.
“N’oublions pas que l’animal nous observe, comme parfois notre chat, calé dans un coin…“






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