Programme de la saison


Des encres sur papier, dessinées à la plume, dans un style intemporel, follement élégant et cultivé. Nostalgiques des beautés subtiles d’antan, du bon goût et d’un certain dandysme, cette exposition est pour vous. Catherine Gran, née en Union Soviétique et arrivée de Moscou à l’âge de 14 ans en ayant tout perdu, fors la culture et le talent, évoque avec humour, admiration, esprit et finesse la France éternelle et les sophistications perdues.

Vous ne saviez pas que le dessin pouvait être aussi complexe, lumineux, inclassable et subtil. Tal Waldman travaille tellement son papier qu’il est parfois difficile d’identifier sa texture. Créatrice de formes, en quête de sens et de lumière, elle traduit lettres hébraïques, textes sacrés, expériences spirituelles dans un travail itératif, des recherches par série, également en céramique, verre, vitraux et collaborations de haute décoration.

La frontière entre dessin et peinture est spécialement ténue chez Mohammed Kahouadji. D’abord chirurgien avant d’assumer son destin d’artiste, il pousse la précision à son extrême, invente ses techniques, mélange d’outils de précision, de couleurs saturées et explosives, d’un univers inspiré du Japon, exécuté sur un papier extrêmement dense de Moulin Du Verger, spécialement conçu pour lui. Libre, inventif et métissé par atavisme et par choix.

Derrière les toiles à clefs de Benoît Debordes se dessine une culture picturale immense qui affleure à chaque instant. Né dans une famille de galeristes, collectionneur lui-même, faisant fi des styles et des époques, il est profondément syncrétique. Ligne puissante et noircie, touche virile, palette sans interdits mais assombrie comme en grisaille, sujets surréels, hommages multiples, il attend la cinquantaine pour donner libre cours publiquement à son univers dense d’ombres assumées.

Est-ce son nom, qui évoque St Jean le Baptiste et les ronces de la couronne d’épines ? Est-ce une quête personnelle du père, voire des pères, qui l’amena à ces sujets religieux, ou l’envie de revisiter l’énorme poids de l’iconographie chrétienne dans notre culture comme objet d’étude picturale ? Baptiste Ronsse Verschelde s’attaque au sujet à grandes touches épaisses faussement malhabiles, modelant sa matière saturée de couleur, presque organique, à l’instar de son maître Eugène Leroy. Cette peinture est un feu.

Drissa Yalcouyé est venu en France pour achever sa formation : après l’apprentissage des Beaux Arts au Mali, c’est l’approfondissement en histoire de l’Art en Sorbonne. Sa peinture est un condensé de culture croisée. Profondément africaine dans sa facture – elle reprend les techniques ancestrales du Batik, d’où ces éclats de lumière et ces couleurs en transparence – elle semble puiser dans l’impressionnisme français cette manière d’évoquer les scènes tout en les décomposant. Traces de vies fragmentées, souvenirs épars et espoirs fragiles.

Catherine Fournié trempe ses pinceaux dans la force tellurique des éléments. Dans ses toiles, la force vitale est prédominante. Le vent souffle, le soleil brûle, la terre tremble et les cieux irradient. Les parfums de la terre, des fleurs, des arbres percent ces couleurs qui explosent en Gloire. La matière semble jaillir de la toile comme la lave du noyau terrestre. La lumière émane des trouées colorées comme si elle s’échappait. Coloriste hors pair, Catherine Fournié reflète la puissance de vie originelle, donne à voir l’âme de la matière.

Erik Rivera porte un nom évidemment chargé pour un peintre Mexicain. Il a pris le pseudo d’”El Nino Terrible” comme pour en rajouter. Figure majeure de la communauté LGBT+ d’Amérique Latine, militant souriant mais ferme du droit à être soi-même, il projette son image d’enfant peu grandi aux yeux immenses sur ses toiles, détournements successifs de sujets lourds : religieux, mythologiques, historiques. Ce n’est pas une identification, plutôt une question : si j’avais été le Christ, Van Gogh ou Napoléon, m’auriez-vous trouvé étrange ? Oui. Comme tout un chacun.

Etre peintre Ukrainienne exilée à Paris, en période de guerre, c’est une manière de danser non pas sous, mais malgré les bombes. Quelle arme brandir avec ses pinceaux ? Le droit au bonheur malgré tout, parce que la vie même le porte ? Natalia Kruchkevych densifie le banal, l’ordinaire, le fugace. Effleure la toile en parvenant à y inscrire profondément la vérité d’un instant, le sourire de la vie vulnérable. La violence du monde semble condamner le souffle léger de l’appétit de vivre. Natalia Kruchkevych le fixe, le tisse à la trame de ses toiles.

La plupart des peintres utilisent les ombres pour densifier les couleurs. Gilbert Houbre fait l’inverse. Ce qui l’intéresse, ce sont ces zones cachées, enfouies, oubliées, celles qu’on sent sans les voir. Celles qui habitent les coeurs et les pierres. L’oeil est bien dans la tombe à regarder Caïn, partout et toujours. La magie de Gilbert Houbre, c’est que ces ombres appuyées donnent une douceur et une profondeur à la banalité, matérialisant que les gens heureux ont bien eu des histoires.

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